Thème:

Points de vue d’une architecture vivante

image_pdfimage_print

– L’architecture vivante n’est pas un style. Il s’agit d’une approche architecturale qui considère les bâtiments non pas comme de simples objets, mais comme des organes ou des organismes, qui fonctionnent dans les domaines multiples et interdépendants de la vie naturelle, sociale et culturelle.

– L’objectif de l’Architecture vivante est de développer un environnement bâti qui soutient et valorise la vie naturelle, sociale et culturelle, et d’élever cette préoccupation au niveau d’une expression artistique. Le résultat doit servir nos besoins de manière globale et durable.

– Pour créer une architecture vivante, il convient de prendre en compte les aspects suivants, de les équilibrer et d’en faire une synthèse globale :

Fonction et besoins humains

24H – Centre d’éducation environnementale – Koh Kood, Thaïlande, 2009 © Pieter van der Ree

– Tous les bâtiments naissent de besoins et d’aspirations humaines. Ces besoins couvrent tous les aspects de la vie humaine. Ils vont de la protection physique, de la satisfaction des besoins pratiques, de mise à disposition d’espaces sociaux et d’intimité à une offre des atmosphères spatiales riche, à l’expression de contenus culturels et au soutien d’expériences spirituelles.

– Chaque tâche de construction a ses propres exigences spécifiques. Néanmoins, il convient toujours de prendre en compte l’ensemble des besoins humains, y compris la manière dont les bâtiments et les espaces publics agissent sur un public plus large.

– Une bonne architecture cherche avant tout à répondre à ces besoins et à ces aspirations en soutenant et en enrichissant à la fois notre vie extérieure et notre vie intérieure.

– La mesure dans laquelle les besoins et les souhaits du maître d’ouvrage et du public peuvent être réalisés dépend des moyens économiques disponibles. Dans la société moderne, l’argent est l’un des plus importants de ces moyens.

– L’argent ne devrait toutefois jamais devenir une fin en soi. L’architecture ne devrait pas non plus devenir un moyen de réaliser des bénéfices financiers au détriment de ceux qui utiliseront le bâtiment plus tard.

– Toute personne qui contribue à la réalisation d’un bâtiment – en tant que maître d’ouvrage, concepteur, entrepreneur ou artisan – devrait être rémunérée de manière adéquate pour sa contribution. Ne pas payer un salaire équitable, c’est construire aux frais de quelqu’un d’autre. Dans le même temps, dépasser ses propres honoraires ou bénéfices raisonnables signifie faire payer d’autres un travail qui n’a pas été réalisé.

– Dans rapport tendu qui s’installe souvent entre les désirs et les moyens, le défi créatif consiste à satisfaire, dans le cadre du budget disponible, un maximum de désirs du maître d’ouvrage et de besoins des futurs utilisateurs.

L’esprit du lieu

– Pour réaliser un bâtiment, il faut un site. Chaque site a son propre caractère, unique. Ce caractère se compose des éléments naturels telles que la morphologie du terrain, le climat local et les plantes et animaux qui vivent sur le site. S’y ajoute généralement un enchevêtrement des éléments sociales et culturelles telles que les constructions environnantes, l’infrastructure existante et l’histoire du lieu.

– Une bonne architecture se réfère délibérément à cet esprit du lieu. Cela ne signifie pas qu’elle doit se soumettre à ce qui existe déjà. Elle peut aussi apporter une nouvelle contribution qui valorise l’existant, mais cela doit se faire dans le respect.

Mickey Muennig – Post Range Inn – Big Sur, USA, 1992 © Pieter van der Ree

– Une tâche d’aménagement contemporaine consiste à revitaliser les paysages et les paysages urbains dégradés. Cela peut être réalisé par la création de nouveaux biotopes et d’espaces appropriés pour la vie sociale.

– Dans la plupart des localités, des règles de construction et des statuts sont adoptés afin de concilier les intentions des personnes souhaitant construire avec la protection des valeurs naturelles et historiques et les intérêts des personnes vivant déjà dans la zone.

– Ces règles ne doivent être ni trop strictes ni trop souples, afin de permettre à la vie sociale de s’épanouir et à l’architecture de se développer harmonieusement.

-En ce qui concerne l’esprit du lieu, le défi de conception consiste à créer une synthèse entre les besoins spatiaux du futur bâtiment, son identité souhaitée et le caractère du lieu avec les exigences légales en vigueur.

Ramstad Architects – Trollstigen – Norvège, 2012 © Pieter van der Ree

Matériaux de construction et construction

– Tous les bâtiments sont construits à partir de matériaux qui proviennent à l’origine de la nature et qui, après avoir été utilisés, réutilisés et recyclés, retournent finalement à la nature.

– Une bonne architecture cherche à optimiser les propriétés techniques et esthétiques des matériaux de construction et à minimiser les effets néfastes de leur production et de leur utilisation sur la santé humaine et l’environnement naturel.

– En ce qui concerne l’utilisation des matériaux et de l’énergie, il convient de développer une approche circulaire qui tienne compte de l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment et de son impact sur l’homme et la nature.

Geier & Geier – Solemar – Bad Dürrheim, Allemagne, 1987 © Pieter van der Ree

– Une prise de conscience des forces qui agissent dans la construction et la création de structures en accord avec ces forces peuvent conduire à des structures hautement efficaces et expressives.

– La technique joue un rôle clé dans l’optimisation des possibilités offertes par les matériaux et la création de structures à partir de ceux-ci. Les progrès fulgurants de la technologie permettent d’innover constamment dans les méthodes de construction et de créer de nouvelles formes étonnantes.

– La technique ne devrait toutefois jamais devenir une fin en soi et dominer la conception pour elle-même. La technologie devrait toujours être au service du bien-être humain, d’une bonne qualité architecturale et de la durabilité environnementale. La vie ne devrait pas être mécanisée, mais la technologie devrait être mise en harmonie avec les processus de vie afin de les soutenir et de les enrichir.

– Le défi créatif dans l’utilisation des matériaux et de la technologie est de concilier leur potentiel avec les exigences humaines, esthétiques et techniques de la conception.

Idées, valeurs et créativité

– Au cours du processus de conception et de création d’un nouveau bâtiment, d’innombrables idées et intentions sont intégrées au projet. Elles proviennent en partie du maître d’ouvrage et en partie des concepteurs, constructeurs, conseillers techniques et artisans impliqués dans le projet.

– Toutes ces idées sont liées à des valeurs et à une vision du monde qui, consciemment ou non, sont intégrées dans le projet. Dans les styles historiques, cela était généralement évident en raison de la vision du monde mythologique ou religieuse qui s’exprimait dans les formes. Mais les bâtiments modernistes et contemporains expriment aussi inévitablement une vision et les valeurs qui les sous-tendent.

– Lorsque nous utilisons ou voyons un bâtiment, nous absorbons ces idées et ces valeurs sous forme d’impressions sensorielles.

– Une bonne architecture tente donc délibérément de traduire les valeurs inhérentes et une vision du monde en une expression artistique. Elle le fait en créant une atmosphère spatiale qui peut soutenir et inspirer ceux qui utilisent et vivent le bâtiment.

– Toutes ces idées et valeurs prennent une forme visible grâce au talent et à la créativité de l’architecte ou de l’équipe de conception. Elles façonnent le projet et influencent son caractère.

– Pour les créateurs, ce processus est à la fois une forme d’expression et de réalisation de soi. L’expression de soi ne devrait toutefois jamais dominer les besoins des futurs utilisateurs, mais être utilisée pour les soutenir.

Gregory Burgess – Puits de lumière du Catholic Theological College – Melbourne, Australie, 1998 © Pieter van der Ree

– En termes d’idées et de valeurs, le défi de la conception consiste à créer une forme qui réponde à ses exigences fonctionnelles, techniques et esthétiques et qui exprime son contenu de manière pertinente.

Le processus de conception

– Le but ultime du processus de conception est de créer une forme convaincante et authentique qui intègre tous les aspects mentionnés ci-dessus. Cet objectif ne peut pas être atteint en répondant uniquement à certaines exigences et en habillant le résultat d’une forme à la mode ou tendance.

– Pour créer une forme authentique, le projet doit être développé de l’intérieur, c’est-à-dire à partir de la tâche de conception elle-même, et ne doit pas être dénaturé par des éléments étrangers ajoutés de l’extérieur.

– Pour atteindre cet objectif, toutes les exigences individuelles et souvent contradictoires doivent être analysées et réfléchies. Elles doivent s’enfoncer dans l’inconscient du concepteur afin de donner naissance à une nouvelle synthèse dans laquelle tous les éléments peuvent se fondre en une nouvelle unité.

– Concevoir, c’est comme être enceinte, non pas physiquement, mais mentalement. Le projet doit vivre dans la conscience et l’inconscient de ses créateurs, il doit être encouragé pour grandir et développer sa propre vie. Ce n’est que lorsqu’un projet prend vie, acquiert son propre caractère et sa propre identité, qu’il peut promouvoir la vie de ceux qui l’utilisent, nourrir leur âme et élever leur esprit.

– Dans la forme qui en résulte, les parties du projet doivent se comporter par rapport à l’ensemble et entre elles comme les organes d’un organisme vivant.

– Au cours du processus de conception, on observe souvent que les projets ont leur propre dynamique et leur propre volonté et ne sont satisfaisants que lorsque tous les aspects du projet sont intégrés et que son caractère propre s’exprime pleinement.

Aspects influençant le design en architecture, Pieter van der Ree

– Le maître d’ouvrage, l’architecte ou l’équipe de conception doivent essayer d’être conscients de cette « volonté inexprimée » et de la suivre. Elle peut se manifester par des problèmes qui surviennent au cours du processus. Il est important de considérer ces problèmes comme des opportunités et de chercher des moyens d’en faire profiter le bâtiment. Cette attitude peut aider à surmonter les obstacles qui se présentent.

Soutenir les processus de vie

WolkinsonEyre and Grant Associates – The Gardens by the Bay – Singapore, 2013 © Pieter van der Ree

– Il est dans la nature de l’architecture de faire dialoguer les besoins humains et les ressources naturelles, la vie sociale et l’art, l’esprit et la matière, de les fusionner et de les amener à une synthèse spécifique. Le résultat de ce processus ouvert et sans cesse renouvelé constitue le monde dans lequel nous vivons et par lequel nous sommes façonnés.

– En raison de l’impact que l’architecture a sur notre vie extérieure et intérieure et sur le monde naturel dans lequel nous vivons tous, l’architecture devrait être conçue en fonction des processus de vie dont elle fait partie, en les soutenant et en les enrichissant.

– Pour y parvenir, on peut s’inspirer de la nature en essayant de comprendre comment elle crée ses formes hautement efficaces, durables et belles. Dans la nature, l’apparence et l’essence intérieure forment toujours une unité. Une unité similaire devrait également être recherchée dans l’architecture et le design. Une qualité psychique et une dimension spirituelle doivent s’y ajouter pour que chaque design ne soit pas seulement naturel, mais aussi réellement humain.

Tags:
Translate »
Back to Top ↑